Philosophie

Ma philosophie, c’est le horsemanship…
mais c'est quoi le horsemanship?

Mais c'est quoi le horsemanship?
Un sujet très à la mode de nos jours et aussi très vendeur. Beaucoup d’entraîneurs l’utilisent à profusion lors de leurs campagnes publicitaires afin d’augmenter leur crédibilité. Par contre, lorsque vient le temps de définir et de mettre en pratique les méthodes dites de «horsemanship», les opinions sont aussi variées que contradictoires. 

Pour moi, le horsemanship c’est le développement d’un cheval sur trois aspects distincts : 

  • Le physique
  • L’émotionnel, 
  • Le mental 

Le tout en utilisant la communication et la psychologie au maximum afin de réduire le contrôle et la restriction physique le plus possible. 

Le horsemanship c’est un peu comme s’entraîner dans des gyms. Certaines personnes s’entraînent seulement pour être en meilleure condition physique, alors que d’autres, c'est pour augmenter leur niveau de performance dans un sport spécifique. On a jamais vu un joueur de hockey, par exemple, sauter sur la patinoire à vélo ou en souliers de course. Mais on sait très bien que les meilleurs joueurs feront autant de la course à pied que du vélo lors d’entraînement hors glace pour garder la forme et les aider à mieux performer sur la patinoire

Le même principe s’applique au horsemanship. Certains cavaliers le pratiqueront par passion ou pour s’améliorer, et d’autres, pour améliorer leurs performances dans une discipline spécifique. On a jamais vu de chevaux effectuer des parcours de gymkhana de reculons ou des patrons de reining se faire dans un sentier. Par contre, pratiquer le reculons va permettre de développer l’arrière main du cheval de barils, ce qui va solidifiera son freinage et faire un peu de randonnée ou suivre quelques vaches avec un cheval de reining l’aidera à garder son esprit plus frais et réceptif. 

En comprenant mieux l’instinct du cheval, sa façon de communiquer, sa capacité d’apprentissage, son système émotionnel et sa biomécanique, le cavalier ne peut qu’améliorer les performances de sa monture.


 

Le développement physique 

Un des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir à un cheval, c’est une bonne éducation. C’est connu, les chevaux bien éduqués sont vendus beaucoup plus rarement. Ils sont plus appréciés et auront souvent droit à plus de privilèges que ceux qui ont des comportements qui sont considérés comme étant indésirables et qui, par le fait même, mettent la sécurité des gens autour d’eux en danger. Donc, si un jour vous avez à vous départir de votre cheval pour des raisons qui sont hors de votre contrôle, il sera beaucoup plus facile de lui trouver une bonne famille s’il a reçu une bonne éducation. Par contre, trop peu de gens réalisent que les capacités physiques d’un cheval vont également influencer son niveau d’éducation. Par conséquent, sa valeur sur le marché ainsi que ses chances de pouvoir combler les besoins de son cavalier seront diminuées.

Ce ne sont pas tous les chevaux qui sont nés pour devenir de superbes athlètes. Par contre, les aider à se développer physiquement aidera à accroître considérablement leurs compétences et ainsi dire leur niveau d’éducation. 
 

« C’est pourquoi j’intègre toujours une liste d’exercices en lien avec le développement physique du cheval lorsque je construis un programme d’entraînement. »

L’objectif vise à améliorer les capacités cardiovasculaires, l’assouplissement, la symétrie ou la rectitude, la coordination et la faculté de croiser les membres du cheval, le transfert de poids, la force et la masse musculaire, la vitesse et la fluidité dans les mouvements ainsi que la puissance. Quand tout ceci s’améliore, c’est l’ensemble du cheval qui s’améliore. 

 

Le développement émotionnel 

Les objectifs sont d’avoir un cheval calme, volontaire, attentionné, respectueux et heureux d’être en relation avec l’humain. 

C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, mais c’est aussi un objectif réalisable. Pour l’atteindre, le cavalier devra être en mesure de s’établir en tant que leader dans sa relation avec son cheval sans jamais risquer de briser celle-ci. 

Augmenter le niveau de compétence et de connaissance d’un cheval est souvent un processus qui peut être stressant pour celui-ci. D’un point de vue de l’humain, on considère un cheval «meilleur» ou mieux éduqué s’il est capable d’effectuer diverses tâches. Comme, monter dans une remorque, se séparer des autres membres de son troupeau et traverser des ruisseaux et des ponts en randonnée, ne pas réagir à certains stimulus comme la douche ou les insecticides en vaporisateur. La liste peut être longue et très variée selon chaque cavalier et discipline qu’il pratique.  Tout ceci demande évidemment à notre monture de sortir de sa «zone de confort», occasionnant un sentiment d’insécurité. Le problème est que cette insécurité est toujours accompagnée de stress et que celui-ci réduit la capacité d’apprentissage.

Tout ceci est donc un peu contradictoire : on veut un cheval calme pour maximiser ses apprentissages, et lorsqu’il l’est, on souhaite le sortir de sa zone de confort pour lui apprendre à gérer différents stimulus, de nouvelles situations et répondre à de nouvelles commandes. 

Contradictoire, mais réel lorsqu’on se donne comme objectif de dépasser nos propres limites en tant que cavalier et d’amener nos chevaux à repousser les leurs. 

Pour ma part, je préfère amener mes chevaux progressivement vers des situations qui peuvent être stressantes pour eux, comme les périodes d’apprentissage ou divers objets dans leurs environnements, tout en m’assurant de garder un niveau de stress bas, pour maintenir au plus haut leur capacité d’apprentissage. J’alterne alors de courtes périodes stressantes à de moment plus long et relaxant, tout en faisant en sorte de maintenir une relation saine avec eux. Ainsi, je leur enseigne à gérer les situations potentiellement stressantes, selon leur niveau et leur capacité, plutôt que de m’efforcer à créer un monde autour d’eux ou rien ne pourrait les faire réagir.

Pour ce faire, j’utilise beaucoup la méthode d’association au positif, que je préfère à la désensibilisation.  Cette dernière voudrait que le cheval ne réagisse plus du tout à divers stimulus, comme de monter dans une remorque par exemple. Personnellement, je trouve un peu irréaliste d’espérer qu’un cheval n’ait plus d’émotions, de goûts, d’envies, de préférences ou de personnalités. N’est-ce pas un peu ce qu’on recherche lorsqu’on choisit de s’acheter un cheval plutôt qu’une moto. 

Grâce à l’association au positif, vous allez pouvoir faire passer le cheval d’une perception négative à une perception positive. C’est donc en offrant quelque chose de positif lors de l’approche, comme du confort, une période de relâchement, de détente, de relaxation, une friandise ou peu importe que cette association va se produire. Puis en décourageant le comportement opposé, donc l’éloignement ou la fuite, en stimulant le cheval, le mettant à l’effort afin de le rendre inconfortable, tout en gardant le niveau de stress le plus bas possible afin que celui-ci puisse réfléchir et analyser pour finalement changer sa perception des choses ou de la situation.

 

Le développement mental 

Quand on parle de développement mental, on parle d’apprentissage, de focus et de communication. L’apprentissage chez le cheval peut, jusqu’à un certain niveau, se comparer à celle chez l’humain. Dans un cas comme dans l’autre, le calme est requis. Le stress et l’anxiété vont toujours réduire la capacité d’apprentissage. Même si parfois on croit que l’animal a bien compris ce qu’on s’attend de lui, si la période d’apprentissage s’est faite dans un état émotif de stress, on se rend souvent compte, lorsqu’on lui redemande d’effectuer ce qu’on croyait compris il y a quelques jours, que les notions n’ont pas été assimilées. Il est donc important de prioriser le développement émotionnel sur celui du mental. 

Parfois, en début de séance, on a l’impression de perdre son temps, car aucune notion concrète ou apprentissage de quelque chose de spécifique n’est atteint. Par contre, tout ceci n’est qu’un mal nécessaire. Une fois que le cheval a retrouvé son sentiment de sécurité et qu’il est plus attentif, les informations qu’on souhaite lui faire comprendre s’obtiendront plus rapidement et perdureront.

À l’opposé de chez l’humain, le cheval est beaucoup moins rationnel. C’est pour ça que certains exercices bien compris effectués d’un côté ne seront pas nécessairement aussi simple à effectuer de l’autre côté. Dû à sa vision monoculaire, la perception de ce qu’il voit avec l’œil gauche diffère de ce qu’il voit avec l’œil droit et le cerveau étant moins rationnel que celui de l’humain, il fera plus difficilement le lien avec le même exercice effectué de l’autre côté. 

Le même phénomène s’applique quand, par exemple, on demande à un cheval de passer sur une bâche jusqu’à ce que tout se passe bien, puis en changeant la bâche d’endroit ou de couleur, le cheval réagit différemment. 

Les chevaux qui seront capables de faire l’analyse de la situation assez rapidement et faire le lien entre les différentes situations sont normalement considérés comme ayant une intelligence plus développée. 

Par contre, même si la logique et le rationnel sont plus difficiles chez certains chevaux, ils vont souvent faire preuve d’une très grande mémoire. C’est pour cette raison que les chevaux vont généralement bien apprendre dans la routine, la répétition, la constance et les séquences. C’est ce qui fait également qu’ils auront tendance à anticiper certaines choses car ils ont une facilité à mémoriser. C’est donc à nous de s’adapter en leur enseignant d’une façon avec laquelle ils sont à l’aise et comprennent facilement et de toujours valider les informations plusieurs fois, en les répétant.

 

Une base solide

Une autre facette de l’apprentissage chez le cheval, comparable à celle de l'humain, est le développement graduel par étapes. Si on prend par exemple un enfant, il lui faudra passer par 6 années d’école primaire et 5 années d’école secondaire, un total de 11 années d’études, pour obtenir un diplôme d’étude secondaire. Les notions apprises la première année sont souvent négligeables comparé à celles apprises en fin de 5ᵉ secondaire. Par contre, ce sont ces notions de bases qui permettent à l’enfant de se préparer pour les suivantes et ainsi de suite, jusqu’à l’obtention de son diplôme. Il serait évidemment mal vu de vouloir inscrire un enfant d’âge de première année en 5ᵉ secondaire, prétextant qu’on préfère lui faire faire 11 fois le cours de secondaire 5 plutôt que de débuter en première année. On aurait probablement plus de chance de développer un décrocheur qu’un diplômé! 

Avec les chevaux, c'est un peu la même chose. Si on parle de manœuvre comme l’arrêt à une rêne ou la contre-flexion, ce sont des notions qui, une fois le poulain mieux éduqué, serviront de moins en moins. Par contre, elles sont souvent nécessaires en début d’entraînement afin d’éviter plusieurs désagréments et pour préparer notre monture aux étapes suivantes. 

Malheureusement, plusieurs cavaliers ont une idée en tête de ce qu’ils voudraient comme cheval une fois celui-ci bien éduqué, mais n’ont pas d’idées de ce que sont les étapes pour y parvenir. C’est un peu comme si on avait une destination en tête, sans trop savoir comment s’y rendre. Il nous faudrait alors, dans ce cas, une carte géographique ou un GPS.  La carte géographique pour entraîner un cheval, c’est un « programme d’entraînement ». 

Pratiquement chaque fois que quelqu’un est en problème avec un cheval, c’est qu’il a omis des étapes importantes. Et la réponse de tout bon entraîneur à ce problème est toujours la même: «reviens à la base».   

« La meilleure façon de faire rapidement est de prendre son temps ». 

Il est plus facile de critiquer le cheval ou l’ancien propriétaire quand on ne connaît pas les bases d’un programme d’entraînement. Mais la véritable solution est de s’éduquer et de s’entourer de gens qui ont les compétences nécessaires pour élaborer un programme pour vous et votre cheval. 

 

- Éric St-Arnault

 

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